L'obligation d'enregistrement des touristes en Espagne
Sécurité ou vie privée ?
La nouvelle obligation d'enregistrement pour les voyageurs en Espagne a suscité de vives réactions. À partir d’aujourd’hui, les agences de voyages locales, hôtels et entreprises de location de voitures sont contraints de transmettre des informations détaillées sur leurs clients à la plateforme centrale "ses.hospedajes". Les auberges, pensions, entreprises de tourisme rural, campings, aires pour camping-cars, appartements, bungalows et autres types d’hébergements touristiques similaires doivent également fournir ces données. Il en va de même pour les voyagistes proposant des services d’intermédiation, les plateformes numériques opérant en Espagne et les entreprises de location de voitures.
La liste des exigences est longue et inquiétante : nom, date de naissance, nationalité, informations de paiement, adresse, et même des détails sur le nombre de chambres louées ou l’utilisation d’internet. Le gouvernement espagnol défend cette mesure comme une étape vers une sécurité nationale renforcée, essentielle pour traquer les réseaux terroristes et le crime organisé. Mais devons-nous accepter que cela devienne la norme ?
Il est tentant de céder à la promesse d’une sécurité accrue en sacrifiant la vie privée. Après tout, qui pourrait s’opposer à la lutte contre le terrorisme ? Cependant, ce type de lois sur l’enregistrement nous place sur une pente glissante. Le gouvernement espagnol souligne que depuis la mise en place de cette mesure en 2022, 18 584 personnes potentiellement impliquées dans des activités criminelles ont été identifiées. Cela semble être une réussite, mais le prix à payer pour cette sécurité semble bien élevé. Des millions de touristes doivent-ils abandonner leur vie privée pour permettre d’attraper une poignée de criminels ?
Les préoccupations du secteur touristique sont légitimes. La lourdeur administrative liée à cette mesure impose un fardeau important aux entrepreneurs. Les petites entreprises, en particulier, n’ont pas les moyens de répondre à ces nouvelles exigences, ce qui affaiblit leur position face aux grands acteurs. De plus, le secteur avertit que les coûts supplémentaires liés au traitement de ces données seront finalement répercutés sur les consommateurs. L'Espagne risque ainsi de devenir une destination moins attrayante, avec des prix en hausse et une bureaucratie compliquant l’expérience touristique.
Est-ce l’exemple que nous voulons suivre ? Chaque touriste, simplement parce qu’il souhaite partir en vacances, doit-il devenir une pièce d’un système de surveillance ? Cette obligation d’enregistrement semble être une intrusion excessive qui néglige le droit fondamental à la vie privée. La question qui se pose est donc la suivante : si l’Espagne choisit cette voie, qui sera le prochain ?
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