Une malédiction plutôt qu'une bénédiction ?

AI-Act de l'UE

Une malédiction plutôt qu'une bénédiction ?

L'Union européenne franchit des étapes ambitieuses avec l'AI-Act pour réguler l'intelligence artificielle. Ce cadre juridique doit garantir la transparence, l'éthique et la sécurité dans le développement et l'application des technologies d'IA. Bien que cette initiative puisse offrir une protection solide contre les abus et les risques, des fissures de plus en plus évidentes commencent à apparaître dans le système. En Europe, nous risquons lentement de prendre du retard dans la course à l'innovation technologique.

L'un des points sensibles est que les entreprises technologiques se sentent contraintes de lancer les fonctionnalités d'IA d'abord en dehors de l'Europe. Un exemple frappant est Booking.com, qui déploie des applications et de nouvelles fonctionnalités d'IA sur des marchés où la réglementation est moins stricte. De même, la fonctionnalité avancée de vision de ChatGPT reste encore hors de portée des utilisateurs européens, alors qu'elle est déjà testée et optimisée dans d'autres régions du monde.

De plus, nous constatons qu'Apple a également décidé de ne pas encore lancer son nouvel outil d'IA, Apple Intelligence, en Europe. L'entreprise veut d'abord s'assurer que la technologie est conforme à la réglementation européenne étendue. Cela signifie que les utilisateurs européens sont laissés pour compte, tandis que les utilisateurs d'autres marchés bénéficient déjà pleinement de ces innovations. Des préoccupations similaires existent chez des entreprises technologiques comme Google, Meta AI et SAP, qui craignent que les exigences strictes de l'AI-Act n'entravent l'innovation en Europe. Certaines entreprises envisagent même de déplacer leurs activités hors de l'UE afin d'éviter les coûts élevés liés à la conformité.

Sora, la technologie d'IA d'OpenAI qui permet de générer des vidéos à partir de textes et qui a été déployée la semaine dernière « mondialement », n'est elle aussi pas encore disponible en Europe. Tandis que des utilisateurs ailleurs explorent et appliquent les possibilités de cette technologie innovante, nous restons donc en retrait en raison de la réglementation stricte.

Cela nous place dans une position vulnérable, y compris dans le secteur du voyage. Alors que d'autres pays se familiarisent avec ces nouvelles technologies, expérimentent, apprennent et renforcent leur position concurrentielle, nous restons sur la touche. Le danger est qu'une fois ces applications d'IA finalement introduites sur le marché européen, d'autres économies auront déjà pris de l'avance. Les entreprises et professionnels européens devront alors non seulement rattraper leur retard, mais aussi faire face à un afflux de technologies avancées venues de l'étranger.

L'équilibre entre régulation et innovation est précaire. L'AI-Act de l'UE a le potentiel d'être une bénédiction, mais risque de devenir une malédiction si nous n'y prêtons pas attention.

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17-12-24 - par Pieter Weymans